Commentaire de la "Constitution des Athèniens"

Athènes : dictature des plus pauvres ?

La constitution des Athéniens du Pseudo-Xénophon est la plus ancienne source de politeia existante. Ce genre littéraire décrit les institutions d'une cité mais ne se limite pas à son régime : c'est une vision globale qui est proposée, un regard qui s'étend aux pratiques culturelles et sociales. Très éloigné d'une analyse institutionnelle, c'est avant tout un tableau polémique de la vie à Athènes au V e siècle qui est peint ici par l'auteur.

Le Pseudo-Xénophon exprime que la situation politique d'Athènes suscite de l'étonnement pour le reste de la Grèce. « Il y a des gens qui s'étonnent qu'en toute occasion les Athéniens favorisent plus les méchants » ou encore « des choses que les autres Grecs prennent pour des erreurs politiques ». Les autres cités ne comprennent pas l'intérêt d'Athènes de favoriser les classes populaires. En effet les cités oligarchiques n'ont pas du tout le même fonctionnement, prenons l'exemple de la cité lacédémonienne : une ville fermée, austère, interdisant le commerce, méfiante envers les étrangers et profondément réfractaire à tout changement. Athènes est aux antipodes de cette idéal oligarchique : elle est tournée vers la mer et le commerce, de plus elle laisse une grande place au peuple (démos) dans le processus décisionnel de la vie de la cité. 

Pour l'auteur, la démocratie est inséparable du mariage entre Athènes et la mer, même s'il s'oppose au système, Pseudo-Xénophon reconnaît la cohérence du régime et exprime sa solidité : prolongement logique et naturel de la thalassocratie. La loi navale de Thémistocle date de 483, la puissance nautique athénienne (fondée sur les trières) est à son apogée pendant la guerre du Péloponnèse – sous la stratégie de Périclès. Toute une partie de La Constitution des Athéniens du Pseudo-Xénophon s'attarde à analyser cet aspect de la toute-puissance athénienne.